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Les nécrologies françaises de Hans Magnus Enzensberger (1929-2022) ont souligné à juste titre la diversité de son œuvre, mais elles ne se sont guère attardées sur des textes politiques qui pourtant firent parler d’eux en leur temps. C’est le cas de “Zur Kritik der politischen Ökologie”, paru en 1973 dans Kursbuch, une revue fondée par l’écrivain allemand au milieu des années 1960. Nous en republions ici la traduction française, publiée en 1976 (soit deux ans après la version anglaise dans la New Left Review) dans le cadre d’un dossier thématique de la revue Critique communiste ; elle paraîtra à nouveau l’année suivante (moyennant de très légères variantes) dans un volume collectif intitulé L’idéologie de/dans la science (Seuil, 1977, p. 187-242).
Un objet, c’est ce sur quoi la pensée porte en tant que cela motive l’action. Pour les médiévaux, l’objet était la chrétienté. Pour le siècle des Lumières, c’était la raison, la science. Au 19e siècle, c’était le socialisme. Au Québec, à la fin du 20e siècle, le projet indépendantiste était structurant. C’était un objet de la pensée. Du point de vue de la pensée de l’écologie politique, nous sommes actuellement des sans-desseins. Et donc nous cherchons de nouveaux objets de substitution, que ce soit le développement durable, la géo-ingénierie, ou le trumpisme… En sachant qu’il y a plein de gens qui votent pour Trump qui ne sont pas des imbéciles ou des menteurs compulsifs. Mais ils en ont tellement assez de ces systèmes-là qu’ils se disent : « vous n’êtes que des clowns, on va élire quelqu’un qui vous ressemble«