Les colons français délimitent le territoire malien, qu’ils nomment alors Soudan, à la fin du XIXe siècle, sur les vestiges d’anciennes entités politiques — les royaumes de Ségou et du Kaarta, ainsi que l’empire du Macina (1). Pour gouverner un espace aussi étendu, et dont les populations tendent à se révolter contre les envahisseurs, ils construisent une classe sociale intermédiaire, composée de « chefs traditionnels », d’interprètes ou d’informateurs servant d’auxiliaires à une administration en sous-effectif chronique. Ce qui contribue à réifier les identités, en créant les « ethnies » modernes : bambara, peule, dogon, touarègue, etc.